LE MOBILIER D'UN PUITS GALLO-ROMAIN A SAINTES
(Charente-Maritime)
par Marie-Hélène et Jacques SANTROT et Danielle TASSAUX
Le puits dont nous présentons ici le contenu avait été foré dans un quartier d'habitations antiques situé immédiatement au nord des Thermes Saint-Saloine dont les ruines s'étendent à la périphérie septentrionale de l'agglomération urbaine. Découvert en 1970, il a été fouillé à l'automne 1972 dans le cadre d'une exploration archéologique du secteur environnant, poursuivie de 1970 à 19731.
La partie supérieure du puits avait été démolie dans l'antiquité et le conduit, entièrement comblé, obturé par un mur épais (70 cm environ) dont seules subsistaient au moment de la découverte, les fondations en blocage libre. L'orifice du puits, situé à 1,5 m au-dessous de la surface actuelle du sol, devait se trouver, estimons-nous, à un mètre environ plus bas de la margelle d'origine, qui a disparu. Le conduit a un diamètre à peu près constant de un mètre. Sur une profondeur d'environ 4 m à partir de l'orifice, il est creusé dans l'argile et ses parois sont revêtues d'une belle maçonnerie de pierres soigneusement taillées en cintre et assemblées sans ciment (9 pierres pour la circonférence ; dimension moyenne des pierres : long. : 0,35 m ; haut. : 0,30 m ; épais. : 0,12 m ; fig. 1 et 2). Le conduit pénétrait ensuite dans la roche où on l'a suivi sur 12,20 m, jusqu'au fond ; le parement n'était plus nécessaire ici ; des encoches alignées diamétralement tout le long du puits sont percées dans la paroi rocheuse sans grande régularité tous les 40 à 50 cm. Autant qu'on puisse en juger, puisque la partie supérieure a disparu, le conduit devait avoir au total environ 16,20 m de hauteur (fig. 2 bis).
Or, il faut creuser dans ce secteur jusqu'à une profondeur de 30 m au moins à partir, de la surface actuelle du sol, pour atteindre la nappe phréatique. L'exemple d'autres puits fouillés naguère aux alentours prouve qu'il en était de même dans l'antiquité2. Le creusement
1 Nous avons procédé à cette fouille, dirigée par L. Maurin, chargé d'enseignement à l'Université de Bordeaux III, avec un groupe d'étudiants de cette université (Sylvie Bouchet, Michèle et Jacques Giffault, Jacques Linères, Brigitte Tandonnet, Francis Tassaux, Brigitte Taillez, François Thierry) et avec des membres du groupe de Recherches archéologiques de Saintes (Jean-Claude Bureau, Guy Landais, Michel Rouvreau, Pierre Salanon, Guy Vienne). Sous notre signature, cette étude est donc en fait le fruit de nombreuses, actives et amicales collaborations.
2 Cf. Ch. Dangibeaud, Recueil des Acles de la Commission des Arts... de la Charente Inférieure, XVII, 1905- 1907, p. 463 (puits de 30 m de profondeur près du cimetière) ; Dr Bailleau, Bévue de Saintonge et d'Aunis, t. XIX, 1899-1900, p. 133 et s. (autre puits de 40 m de profondeur au même endroit).
Gallia, 33, 1975.
